Michel Barnier au Figaro : « Notre pays ne va pas bien et la situation s’aggrave chaque jour »
Un constat alarmant sur la France
Dans un entretien au Figaro, Michel Barnier, ancien Premier ministre, dresse un tableau très sombre de la situation française. Il évoque des fractures sociales croissantes, des injustices persistantes, le chômage, les entreprises en difficulté et un sentiment généralisé de déclassement. Selon lui, “la situation s’aggrave chaque jour”, et l’effort budgétaire actuel, inférieur à celui qu’il proposait, ne fait que repousser les véritables difficultés.
Soutien prudent à François Bayrou
Tout en refusant de juger son successeur, Barnier affirme souhaiter la réussite de François Bayrou. Il insiste sur l’importance de préserver le socle commun construit lors de son passage à Matignon, face à une majorité parlementaire relative. Il souligne la nécessité de compromis et de stabilité, déplorant que “personne n’a le droit de spéculer sur un échec”. Il rappelle aussi son attachement à la séparation des rôles entre le président et le gouvernement, conformément à l’article 20 de la Constitution.
Une droite à reconstruire mais dynamique
Barnier se félicite du regain de vitalité des Républicains depuis son passage à Matignon. Il revendique une ligne gaulliste, exigeante et européenne. Il soutient la candidature de Bruno Retailleau à la présidence du parti, louant sa loyauté, sa capacité à agir et sa vision équilibrée mêlant souveraineté, ambition écologique et fidélité européenne. Il appelle toutefois à éviter les divisions internes qui pourraient affaiblir cette dynamique fragile.
Positionnement face à Wauquiez et l’avenir de la droite
Il rejette la stratégie de rupture prônée par Laurent Wauquiez, défendant au contraire l’idée d’une droite capable de gouverner en restant fidèle à ses valeurs. Pour lui, la droite républicaine doit s’associer à la gestion de l’État sans renier son identité, en opposition aux extrêmes qui prospèrent sur les malheurs du pays.
Une ambition présidentielle en filigrane
Barnier n’écarte pas une candidature présidentielle mais se montre prudent. Il affirme que chaque prétendant doit s’interroger sur sa capacité à rassembler, à servir et à exercer la fonction. Son prochain livre Ce que j’ai appris de vous, à paraître en juin, résumera les leçons tirées de sa longue carrière politique, sans posture professorale mais avec le souci de transmission.
Regards sur les relations internationales
Sur l’Algérie, il appelle à une fermeté responsable : renégociation des accords de 1968, retour effectif des expulsés, et soutien à la libération de l’écrivain Boualem Sansal. Concernant l’Ukraine, Barnier affirme que le soutien européen ne doit souffrir d’aucune ambiguïté. Il alerte sur le rapprochement inquiétant entre les États-Unis de Trump et la Russie, et plaide pour une autonomie stratégique européenne, notamment en matière de défense, sans pour autant rompre les liens transatlantiques.
Ligne ferme sur Poutine et la paix
Pour Barnier, Vladimir Poutine ne comprend que le rapport de force. Il appelle donc à la lucidité et à la fermeté de la part de l’Europe. La paix, lorsqu’elle viendra, ne devra pas être une capitulation et reviendra d’abord au courage du peuple ukrainien.