Par Paris Match
13 mars 2025

Michel Barnier : En piste pour 2027

Après un passage éclair à Matignon, Michel Barnier revient sur le devant de la scène politique. Porté par une popularité intacte et un nouveau livre à paraître, l’ex-Premier ministre tisse une stratégie en vue de l’élection présidentielle de 2027. Son ambition : incarner une droite moderne, républicaine et européenne, capable de rassembler au-delà des clivages.

Michel Barnier, ancien négociateur du Brexit et figure du centre-droit européen, livre dans cet entretien sa vision de l’Europe face aux enjeux géopolitiques contemporains, en particulier ses relations avec les États-Unis. Fort de son expérience, Barnier plaide pour une Europe plus souveraine, capable de défendre ses intérêts sans dépendre des choix de Washington.

Critique d’une dépendance excessive envers les États-Unis

Barnier observe que l’Europe s’est trop souvent placée en sujétion vis-à-vis des États-Unis, notamment sur le plan de la défense et de la diplomatie. Il cite en exemple l’intervention militaire en Irak en 2003, à laquelle la France s’était opposée, contrairement à d’autres États européens. Cette fracture historique illustre, selon lui, les dangers d’un suivisme transatlantique.

Il avertit aussi des risques d’un retour de Donald Trump à la Maison-Blanche, qui pourrait rompre à nouveau le lien transatlantique ou l’utiliser à des fins purement nationales, comme lors de sa première présidence. Barnier insiste sur la nécessité pour l’Union européenne de préparer des scénarios d’autonomie, tant en matière militaire qu’économique.

Une souveraineté européenne pragmatique

Loin de prôner l’anti-américanisme, Michel Barnier appelle à un partenariat équilibré, où l’Europe serait un pilier fiable mais indépendant de l’Occident. Il propose une politique industrielle volontariste, une maîtrise des chaînes de valeur, et un réarmement stratégique pour éviter d’être la variable d’ajustement d’une superpuissance rivale ou même amie.

Il rappelle que les États-Unis ont eux-mêmes défendu leurs intérêts avec fermeté, comme en témoigne l’Inflation Reduction Act (IRA), qui accorde des subventions massives à leurs industries. L’Europe doit répondre sans naïveté, estime-t-il, en protégeant ses entreprises et ses technologies.

L’Europe dans un monde multipolaire

Barnier défend aussi une Europe capable de dialoguer avec les puissances émergentes, de jouer un rôle de médiation dans un monde instable et fragmenté. Cela suppose une cohésion politique interne, encore fragile selon lui, et une capacité à parler d’une seule voix. La politique étrangère et de sécurité commune reste, selon Barnier, l’un des chantiers inachevés du projet européen.

Un appel à la clarté stratégique

Enfin, il invite les dirigeants européens à cesser les demi-mesures. Dans un monde dominé par la compétition, la naïveté est un luxe que l’Europe ne peut plus s’offrir. Il plaide pour une clarification des priorités stratégiques, en assumant les choix à faire, qu’il s’agisse de soutien à l’Ukraine, de relations avec la Chine, ou de la transition énergétique.

Michel Barnier propose une vision réaliste mais exigeante d’une Europe adulte, indépendante, solidaire et capable d’exister par elle-même. Il reconnaît la valeur du lien avec les États-Unis, mais insiste sur la nécessité d’une Europe puissance, préparée à défendre ses intérêts sans dépendre d’un protecteur extérieur.

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